Fiscalité

La taxe foncière, ce fardeau qui étrangle les propriétaires

Souvent négligée dans le budget d’un achat immobilier, la taxe foncière ne cesse de peser davantage sur les ménages. En 2025, elle atteint jusqu’à trois mensualités de crédit dans certaines villes, grignotant le pouvoir d’achat des propriétaires, en particulier les primo-accédants. Une dérive fiscale que l’essor des prix ne compense plus.

Une pression fiscale silencieuse mais croissante
C’est un impôt que beaucoup oublient... jusqu’à ce qu’il arrive. La taxe foncière, réglée à l’automne par les propriétaires, connaît une hausse continue depuis plusieurs années. D’après Meilleurtaux, son poids moyen atteint désormais 118 euros par mois pour un appartement de 70 m² en France, contre 113 € en 2023, soit une hausse annuelle de près de 5 %. Ce montant équivaut aujourd’hui à 1,3 mensualité de crédit, contre 1,1 l’année précédente. Et ce ratio grimpe bien plus haut dans certaines villes, avec un record à Saint-Étienne, où la taxe foncière peut représenter jusqu’à 3,1 mensualités de crédit.
 

Ce phénomène s’explique par la revalorisation automatique des bases locatives – l’assiette de calcul de la taxe – attendue à +1,7 % en 2025 selon l’INSEE, mais surtout par les hausses locales votées par les municipalités. À Nice, par exemple, la taxe foncière a bondi de 21 % en un an, ajoutant l’équivalent de 0,2 mensualité à la charge annuelle des propriétaires, déjà confrontés à des mensualités supérieures à 2 000 € pour un 70 m².
 

Les villes les plus chères comme Paris, Lyon ou Aix-en-Provence s’en sortent paradoxalement mieux en proportion : le poids relatif de la taxe foncière y est plus faible, car les mensualités de crédit sont plus élevées. En revanche, dans les villes à bas prix, l’effet de la taxe foncière est démultiplié. Ainsi, à Perpignan, Nîmes, Le Havre ou encore Saint-Étienne, elle pèse mécaniquement plus lourd dans les budgets.

Une charge souvent sous-estimée, surtout pour les primo-accédants
L’impact est particulièrement fort pour les nouveaux acheteurs, qui ne prenaient pas en compte cette charge dans leur budget locatif. « Le poids de cette taxe foncière est un élément clé qu’il faut absolument intégrer dans son budget d’achat, notamment pour les primo-accédants. C’est un saut de charge loin d’être négligeable », avertit Aga Bojarska-Serres, porte-parole de Meilleurtaux. À Nantes, par exemple, une mensualité de crédit estimée à 1 335 € grimpe à 1 484 € une fois la taxe foncière prise en compte, soit un surcoût mensuel de 148 €, parfois négligé lors des simulations de financement.
 

La taxe foncière devient d’autant plus pesante dans un contexte où les prix de l’immobilier reculent légèrement, et les taux d’intérêt baissent (3,25 % en moyenne contre 3,75 % un an plus tôt), réduisant mécaniquement les mensualités. Autrement dit, la baisse du crédit ne compense plus la hausse des impôts locaux. Or, contrairement à la taxe d’habitation – supprimée pour les résidences principales –, la taxe foncière repose uniquement sur les propriétaires et ne cesse d’augmenter, grignotant au passage les gains attendus de la réforme.
 

Selon la méthodologie de l’étude, les calculs ont été réalisés pour un bien de 70 m² (prix au m² MeilleursAgents) financé à 100 % sur 20 ans, en tenant compte du taux moyen consenti dans chaque ville (source : Meilleurtaux, données janvier-juin 2025) et des montants moyens de taxe foncière relevés ou anticipés (évolution 2024/2023, source : UNPI).
 

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