Assurance vie
L'assurance vie triomphe dans l'instabilité
Portée par un regain d’attractivité face à l’épargne de court terme, l’assurance vie signe une performance record en juin 2025 avec une collecte nette de 5 milliards d’euros. Un retournement spectaculaire nourri par le dynamisme des unités de compte et le retour en grâce des fonds euros.
Un semestre flamboyant malgré les incertitudes
Alors que les produits d’épargne de court terme perdent de leur éclat, l’assurance vie a brillé au premier semestre 2025. Avec une collecte nette atteignant 26,6 milliards d’euros entre janvier et juin, elle fait plus que doubler la performance de la même période en 2024 (10,9 milliards). Le mois de juin à lui seul a généré 5 milliards d’euros de collecte nette, soit quatre fois plus que la moyenne mensuelle des dix dernières années (1,25 milliard). Cette dynamique s’explique principalement par les unités de compte (UC), qui concentrent à elles seules 4,7 milliards de collecte en juin, tandis que les fonds euros enregistrent également une modeste collecte positive (+0,3 milliard), une première depuis longtemps.
La collecte brute confirme ce retour en grâce : elle atteint 17,1 milliards d’euros en juin (+18 % sur un an), en raison notamment de taux promotionnels attractifs, parfois supérieurs à 4 %. Sur le semestre, les cotisations brutes frôlent les 100 milliards (97,8 Mds €), en hausse de 5 %, portées à la fois par les supports euros (+3 %) et les UC (+9 %). La part des cotisations en UC se stabilise autour de 38 %, un niveau équivalent à celui de 2024. La baisse du rendement des livrets et dépôts à terme repositionne donc l’assurance vie comme un placement plus compétitif, d’autant que les marchés, malgré leur volatilité, n’ont pas freiné les souscriptions en UC.
Prestations en recul, encours au sommet
Autre indicateur clé : le retrait des prestations versées par les assureurs. En juin, elles s’élèvent à 12,1 milliards d’euros (+1 % sur un an), mais sur l’ensemble du semestre, elles chutent de 7 %, à 71,2 milliards. Les sorties diminuent aussi bien sur les fonds euros (-4,2 Mds €) que sur les UC (-1,6 Md €). La raison ? Le reflux de l’appétence pour l’immobilier, qui drainait jusqu’à récemment des rachats massifs d’assurance vie. Le contexte de faible rotation immobilière et de rendements redevenus compétitifs pour les fonds en euros incite les ménages à conserver leurs contrats.
Résultat : l’encours total de l’assurance vie atteint un record historique de 2 052 milliards d’euros fin juin, en hausse de 5 % sur un an. Ce succès reflète aussi la confiance renouvelée des Français envers ce produit : selon le Cercle de l’Épargne, l’assurance vie demeure leur placement préféré, devant l’immobilier locatif et le Livret A. Dans un contexte où le taux d’épargne financière avoisine 10 %, cette réallocation s’inscrit dans une logique patrimoniale de moyen-long terme.
Le mouvement pourrait se poursuivre dans les prochains mois. La baisse du taux du Livret A à 1,7 % depuis le 1er août 2025 devrait amplifier le flux vers l’assurance vie. De plus, la fermeture progressive des PEL de plus de 15 ans à partir de 2026 pourrait entraîner un redéploiement naturel de cette épargne vers des contrats plus souples et fiscalement avantageux.