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Auto-entrepreneurs : comment les assureurs veulent mieux les protéger

Avec plus de 1,8 million d’actifs, les auto-entrepreneurs représentent une part essentielle du tissu économique français. Mais leur protection sociale reste souvent lacunaire. Face à cette fragilité, les assureurs affûtent leurs offres pour répondre à des besoins spécifiques en santé, prévoyance et responsabilité professionnelle.

Un succès économique… au prix d’une couverture limitée
Ils sont livreurs, graphistes, consultants, artisans, coachs sportifs ou développeurs freelance. En 15 ans, les auto-entrepreneurs ont changé le visage du travail indépendant. Facile à créer, léger en charges, le statut a conquis plus d’un Français sur dix en emploi.
Mais cette simplicité cache une protection sociale réduite. Contrairement aux salariés, les micro-entrepreneurs cotisent peu… et reçoivent donc des prestations moindres. Une hospitalisation, un accident de la vie ou une maternité peuvent entraîner une perte de revenus brutale, difficile à compenser sans complément d’assurance.

Ce que couvre (et ne couvre pas) la Sécurité sociale des indépendants
Depuis la suppression du RSI, les auto-entrepreneurs relèvent du régime général, via la Sécurité sociale des indépendants (SSI). Ils bénéficient d’une couverture santé de base, d’indemnités journalières (sous conditions), d’un petit capital décès et de droits à la retraite. Mais ces prestations restent très en deçà de celles d’un salarié.
Exemple : un auto-entrepreneur en arrêt maladie peut percevoir jusqu’à 64 € par jour maximum, à condition d’avoir généré suffisamment de chiffre d’affaires sur l’année écoulée. En cas d’invalidité, la pension est également plafonnée, et ne permet souvent pas de maintenir un niveau de vie décent.
Résultat : plus de la moitié des auto-entrepreneurs déclarent être mal protégés, selon plusieurs études (Achil, AG2R La Mondiale, Lilycare).

Les besoins spécifiques des indépendants
Un salarié bénéficie d’une mutuelle d’entreprise, d’un contrat de prévoyance, de congés payés et d’un filet de sécurité en cas d’accident. Un auto-entrepreneur, lui, assume seul tous les risques liés à son activité : arrêt de travail, maladie, accident, litige avec un client, panne de matériel…
 

Sans assurance complémentaire, un incident de santé ou un simple bras cassé peut vite se traduire par plusieurs semaines sans revenus, alors que les charges continuent à courir.
Trois besoins clés émergent :
• Maintien de revenus en cas d’arrêt de travail ;
• Prise en charge des frais de santé (hospitalisation, dentaire, optique) ;
• Protection professionnelle (responsabilité civile, matériel, litiges).

Comment les assureurs s’adaptent
Conscients de ce marché en plein essor, de nombreux assureurs ont lancé des offres dédiées aux indépendants. Le mot d’ordre : flexibilité et simplicité.
 

Des packs santé + prévoyance
Des acteurs comme AG2R La Mondiale, Aésio, WeMind, Lilycare ou Stello proposent des formules « tout-en-un » qui combinent :
• complémentaire santé ;
• indemnités journalières en cas d’arrêt ;
• capital en cas de décès ;
• parfois une assistance (aide à domicile, garde d’enfants, soutien psychologique…).
 

Ces contrats sont personnalisables selon l’activité et le budget, avec des prix d’entrée à partir d’une dizaine d’euros par mois, et la possibilité de moduler les franchises ou les niveaux de garantie.
 

Une responsabilité civile pro (RC pro) sur-mesure
Certaines professions (coachs, esthéticiennes, métiers du bâtiment, etc.) sont obligées d’avoir une assurance RC pro. Mais même quand ce n’est pas obligatoire, elle est fortement conseillée. Elle couvre les dommages que l’on pourrait causer à un client ou à un tiers dans le cadre de son activité.
Des offres simples, parfois intégrées aux plateformes (comme Portail Auto-Entrepreneur ou Bpifrance Création), permettent de se couvrir pour quelques euros par mois.
 

Une épargne retraite complémentaire
Même si les auto-entrepreneurs cotisent à la retraite de base, les droits restent inférieurs à ceux des salariés. Pour compenser, certains souscrivent un Plan d’épargne retraite (PER), qui permet de se constituer un complément de revenus à long terme, avec des avantages fiscaux sous conditions.

Avec la hausse continue du nombre d’indépendants, les assureurs adaptent leurs produits, en misant sur des outils 100 % digitaux, une souscription simplifiée et une meilleure pédagogie. Les plateformes spécialisées proposent même des simulateurs pour estimer la perte de revenus potentielle, ou des diagnostics de protection sociale personnalisés. L’enjeu est double : protéger un public vulnérable… tout en captant un marché en forte croissance.

 

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