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La France, leader de l'entrepreneuriat initial
Selon une étude de la néobanque bunq, la France est le pays le moins cher d’Europe pour créer une entreprise. Une attractivité indéniable à l’entrée, mais que freine une fiscalité complexe et des coûts de gestion élevés à moyen terme.
Créer une entreprise en France n’a jamais été aussi simple – ni aussi peu coûteux. C’est la principale conclusion d’une étude menée par bunq, la deuxième néobanque européenne, qui compare les frais de création et de gestion d’une société dans dix pays de l’Union européenne. Résultat : la France arrive en tête des pays les plus compétitifs… mais la réalité devient nettement moins avantageuse une fois la société lancée.
Un démarrage ultra-compétitif
Le constat est sans appel : pour lancer une SARL en France, il suffit de débourser 206,86 €, un montant imbattable comparé aux 1 700 € nécessaires en Italie ou aux exigences de capital plus strictes en Allemagne. Cette somme inclut l’inscription au registre du commerce (37,45 €), la publication de l’annonce légale (147 à 171 € selon la région), la déclaration des bénéficiaires effectifs (21,41 €), et le dépôt de capital (à partir de 1 €, même si la pratique recommande 500 €). En clair, sur le papier, la France devient un eldorado pour les créateurs.
Cette accessibilité attire non seulement les porteurs de projets locaux, mais aussi une nouvelle génération de nomades numériques ou d’indépendants européens, séduits par une implantation rapide et encadrée. À cela s’ajoute un cadre juridique relativement souple, permettant dès la première année de choisir entre impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés, selon le statut retenu. Des aides comme l’ACRE ou le NACRE complètent l’arsenal.
La fiscalité rattrape vite l’avantage
Mais une fois l’entreprise lancée, l’environnement devient nettement moins favorable. Le taux d’imposition des sociétés s’établit en France à 25 %, contre 12,5 % en Irlande, 21 % au Portugal ou 22 % en Grèce. Même si une réduction à 15 % est possible pour les PME sur leurs premiers 42 500 € de bénéfice imposable, ce mécanisme ne suffit pas à compenser la différence de pression fiscale à plus long terme.
Autre point noir : le coût du conseil fiscal. Là où un entrepreneur irlandais peut se faire accompagner pour 750 € les 15 heures, son homologue français devra souvent débourser 3 300 €, selon les estimations fournies par bunq. Un différentiel qui pèse sur les premières années d’activité, et qui incite les créateurs à se tourner vers des montages alternatifs ou des structures étrangères.
Pour autant, la France n’est pas condamnée à rester une terre de contrastes. Les auteurs de l’étude soulignent l’existence d’un écosystème administratif de plus en plus digitalisé, d’aides accessibles, et d’un cadre juridique stable, même si parfois jugé complexe. Bianca Zwart, Chief Strategy Officer chez bunq, résume bien cet équilibre : « Il faut du courage pour se lancer, et l’endroit où l’on commence peut faire toute la différence. La France offre de vraies opportunités, mais le chemin reste semé d’embûches. »
Sources : Étude bunq publiée le 19 juin 2025 sur les dix premières économies de l’UE ; données fiscales issues des ministères des Finances nationaux ; comparatif bunq sur les honoraires moyens en fiscalité.