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Boom gris : les seniors dopent l’économie… et les stratégies d’investissement

Souvent perçus comme prudents ou désengagés, les seniors français s’imposent comme les acteurs économiques clés de 2025. Avec 1 euro dépensé sur 2 par les plus de 60 ans, leur pouvoir d’achat et leurs arbitrages dictent désormais les grandes tendances de la consommation… et réorientent les logiques d’investissement.
 

Une génération qui concentre revenus et pouvoir d’achat
Selon une récente étude de l’Insee, les seniors (60 ans et plus) représentent désormais 50 % de la consommation en France. En 2023, ils ont contribué à hauteur de 732 milliards d’euros à la dépense des ménages, un chiffre en hausse de 3,8 % sur un an. Ce n’est pas seulement une question de démographie : les seniors bénéficient d’un niveau de vie supérieur à la moyenne nationale, avec un revenu médian estimé à 2 210 euros nets par mois, contre 1 870 euros pour les moins de 60 ans.
 

Plus stables professionnellement, plus souvent propriétaires de leur logement, moins exposés au chômage et à l’inflation, ils constituent une catégorie à fort pouvoir de consommation. Le phénomène s’accélère avec le vieillissement des baby-boomers, la bonne tenue des pensions de retraite (indexées sur l’inflation) et le bas niveau des taux sur l’endettement résidentiel.
 

En parallèle, la digitalisation rapide de cette génération renforce son autonomie dans les actes d’achat : plus de 78 % des 60-75 ans effectuent désormais leurs courses en ligne, contre 54 % cinq ans plus tôt. Ce basculement technologique rebat les cartes pour les distributeurs, les assureurs, les acteurs de la santé ou encore les promoteurs immobiliers.
 

Une consommation plus sélective, tournée vers le confort et la durabilité
Si les seniors dépensent plus, ils dépensent aussi différemment. Leurs priorités se concentrent sur :
– la santé et le bien-être, avec une explosion des dépenses en optique, aides auditives, médecines douces et services à domicile ;
– le logement adapté, avec une montée en puissance des résidences seniors, des aménagements domotiques et de la rénovation thermique ;
– les loisirs premium, notamment dans le tourisme hors saison, les croisières, ou les expériences culturelles sur mesure ;
– les produits durables, davantage que les plus jeunes, les seniors plébiscitent les marques écoresponsables, le made in France et les circuits courts.
 

Ces arbitrages reflètent une approche patrimoniale de la consommation, fondée sur la qualité, la stabilité et la valeur d’usage. Pour les marques, l’enjeu est clair : il faut repenser la segmentation marketing, souvent centrée sur les générations Z et Y, et intégrer pleinement le potentiel des plus de 60 ans.
 

Pour les investisseurs : capter la silver économie en mutation
Cette montée en puissance des seniors redessine aussi les priorités d’investissement. La silver economy, estimée à 130 milliards d’euros en France, devient un vecteur stratégique de croissance pour de nombreux secteurs :
– immobilier adapté, avec des foncières spécialisées ou des promoteurs positionnés sur les résidences services ;
– santé personnalisée, via des medtechs, des assureurs santé ou des start-up de télémédecine ;
– services financiers, avec des produits orientés gestion successorale, rente viagère ou transmission.
 

En Bourse, certaines valeurs déjà bien positionnées sur cette cible (Orpea, Korian, Bastide, EssilorLuxottica, etc.) bénéficient d’une prime structurelle. Mais l’enjeu est aussi de détecter les nouveaux entrants, notamment dans les services de proximité, les mobilités douces ou les technologies d’assistance.
 

Pour les investisseurs avertis, l’économie grise n’est plus une niche : c’est un moteur structurel de long terme, résilient, prévisible et à forte valeur ajoutée. Un signal fort pour adapter les portefeuilles, et miser sur un vieillissement… synonyme de croissance.
 

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