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Marchés financiers : Les ETF européens en pleine maturité
Portés par la transparence, la baisse des frais et une adoption massive par les épargnants, les ETF (fonds indiciels cotés) continuent de gagner du terrain sur le Vieux Continent.
Selon Morningstar, les encours sous gestion atteignent un niveau record en 2025. Derrière la montée en puissance de cette gestion passive, des tendances structurantes se dessinent.
Des encours en forte hausse, une clientèle élargie
L’essor des ETF (Exchange Traded Funds) en Europe ne se dément pas. Au premier trimestre 2025, les flux nets vers ces produits cotés ont atteint 37,5 milliards d’euros, selon les données de Morningstar, portant les encours totaux à 1 800 milliards d’euros, un record historique.
Jadis cantonnés aux professionnels et aux marchés anglo-saxons, les ETF séduisent aujourd’hui une clientèle élargie : investisseurs particuliers, CGP, plateformes de robo-advisors, banques privées… Tous apprécient la combinaison de frais réduits, de transparence et de liquidité en temps réel. Leur montée en puissance s’explique aussi par un contexte structurel : la difficulté persistante des fonds actifs à surperformer leurs indices, notamment en Europe.
Selon une étude SPIVA, seuls 11 % des fonds actifs européens ont battu leur indice de référence sur 10 ans. Résultat : les investisseurs plébiscitent les ETF, perçus comme un moyen simple, lisible et efficace d’accéder aux grandes tendances de marché — IA, climat, santé, dividendes, etc.
La dynamique est particulièrement forte sur les produits actions, mais s’étend désormais aux obligations, au private equity coté (via les « listed private markets ») et même à la dette verte ou aux ETF sectoriels à effet de levier.
Innovation et sophistication : vers une gestion "semi-active" ?
Si les ETF restent par définition des produits indiciels, leur sophistication croît rapidement. De plus en plus de trackers thématiques ou "smart beta" proposent des expositions affinées : faible volatilité, dividendes élevés, ESG, momentum, ou encore filtrage qualitatif sur les fondamentaux. Résultat : la frontière entre gestion passive et gestion active devient de plus en plus floue.
Certains gestionnaires (BlackRock, Amundi, DWS…) proposent même des ETF à gestion dynamique, où l’indice est révisé régulièrement en fonction de critères quantitatifs ou extra-financiers. D’autres misent sur des ETF actifs cotés, autorisés en Europe depuis 2022, bien qu’encore marginaux.
Autre nouveauté notable : le développement d’ETF à destination des investisseurs sensibles à l’impact. ESG, thématiques environnementales, économie circulaire, inclusion… les labels se multiplient, parfois au risque de la lisibilité. Morningstar note d’ailleurs un « besoin de transparence accru » sur les méthodologies et le contenu réel des indices suivis.
Enfin, la concurrence accrue pousse les fournisseurs à innover dans la structure : ETF sans commission, à revenus redistribués quotidiennement, ou compatibles avec les enveloppes fiscales spécifiques (PEA, assurance vie).
Pour les investisseurs : quels arbitrages en 2025 ?
Pour les investisseurs particuliers comme institutionnels, les ETF sont devenus un pilier de l’allocation d’actifs. Ils permettent de construire des portefeuilles diversifiés, peu coûteux, facilement rebalançables. Mais cette facilité d’accès implique aussi une vigilance : la prolifération des produits thématiques, parfois sur des niches peu liquides ou fortement corrélées, nécessite une sélection rigoureuse.
De même, les ETF à effet de levier ou les ETF inversés, bien qu’utiles dans certaines stratégies tactiques, ne conviennent pas à une détention longue. L’enjeu est donc pédagogique : bien comprendre ce que contient l’ETF, quelle est la logique de construction de son indice, quels risques de tracking error ou de concentration il présente.
Enfin, pour les professionnels de la gestion de patrimoine, l’heure n’est plus à l’opposition entre gestion active et passive. Beaucoup optent désormais pour une gestion hybride : cœur de portefeuille en ETF, satellites en actifs sélectionnés, et rotation sectorielle selon les tendances de marché.