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Transmettre son héritage avant sa mort : une pratique en hausse
La volonté de transmettre son patrimoine de son vivant séduit de plus en plus de Français. Selon l'étude IFOP réalisée pour ASAC-FAPES, près de 60 % des Français envisagent ou ont déjà réalisé une donation de leur vivant.
Un changement de paradigme qui s'accompagne d'une baisse notable de l'intention de léguer un héritage post-mortem, en recul de 7 points par rapport à 2024.
Pourquoi cette évolution ?
Plusieurs facteurs expliquent cette mutation :
D'abord l'anticipation des droits de succession. les donations permettent de réduire les droits à payer, en bénéficiant d'abattements fiscaux renouvelables tous les 15 ans.
La sécurisation de l'avenir des descendants : transmettre de son vivant permet d'aider ses enfants ou petits-enfants à financer un projet immobilier, des études, ou simplement à se constituer un capital.
Une transmission progressive et contrôlée : à l’inverse de l’héritage classique, la donation permet de transmettre par étapes, tout en gardant un œil sur l’utilisation des biens transmis.
Cette tendance est particulièrement marquée chez les parents, puisque 75 % d'entre eux ont déjà envisagé ou réalisé une donation, un chiffre en nette progression.
L'assurance vie, l'outil privilégié
Si la transmission de son vivant se développe, l'assurance vie reste l'outil patrimonial préféré des Français. Plébiscitée par 53 % des sondés, elle se place loin devant les livrets bancaires (20 %), l'immobilier (18 %), la bourse (5 %) et le Plan Épargne Retraite (4 %).
Pourquoi ce succès ?
- Fiscalité avantageuse : les capitaux transmis en assurance vie bénéficient d’un abattement de 152 500 € par bénéficiaire, hors droits de succession.
- Liberté dans le choix des bénéficiaires : 4 détenteurs sur 10 désignent des bénéficiaires hors de leurs ayants droit traditionnels, un phénomène particulièrement marqué chez les moins de 35 ans (48 %).
- Protection du conjoint : une motivation clé pour 28 % des sondés.
Le testament en recul, la donation en hausse
Le testament semble perdre de l'intérêt : seuls 32 % des Français déclarent l’avoir rédigé ou souhaitent le faire prochainement, un chiffre en baisse de 5 points par rapport à l'année précédente. Cette diminution est particulièrement marquée chez les jeunes de moins de 35 ans (-14 points).
À l'inverse, la donation de son vivant gagne du terrain. Plus de 59 % des Français l'envisagent, et même 75 % des parents. Les principales motivations sont :
- Réduire les droits de succession (46 %).
- Assurer l’avenir de ses proches (42 %).
- Transmettre progressivement (31 %).
- Conserver le contrôle sur les biens transmis (25 %).
Cette pratique illustre un changement dans l’approche patrimoniale : on ne transmet plus uniquement "après soi", mais de plus en plus "avec soi".
Un besoin d'information toujours présent
L'étude révèle toutefois un déficit d'information préoccupant : 50 % des personnes interrogées ne connaissent pas les démarches à effectuer pour transmettre leur patrimoine. Ce chiffre grimpe à 72 % chez les moins de 35 ans. Le manque de connaissances sur les outils de transmission, les démarches administratives et les implications fiscales freine encore de nombreux Français.
Bon à savoir : pour bénéficier d’un accompagnement, les épargnants peuvent se tourner vers un notaire ou un conseiller en gestion de patrimoine pour sécuriser leur projet.
Une transmission plus active et anticipée
Face aux incertitudes économiques et politiques, les Français semblent vouloir anticiper la transmission de leur patrimoine. Le succès grandissant de la donation de son vivant s’inscrit dans cette dynamique de sécurisation et de contrôle, permettant d'assurer le bien-être des descendants tout en optimisant les aspects fiscaux.
Pour les experts, cette nouvelle approche marque un tournant dans la gestion patrimoniale, où l'anticipation prime sur l'attente. Transmettre "avec soi" devient désormais le nouveau réflexe des épargnants français.