Bourse/Finance

25/02/25

Transférer son PEA : mode d’emploi pour éviter les mauvaises surprises

Changer d’établissement financier ou profiter d’une offre promotionnelle peut parfois s’avérer judicieux, en particulier si vous détenez un Plan d’épargne en actions (PEA). Contrairement à un contrat d’assurance vie, un PEA peut tout à fait être déplacé d’une banque à l’autre sans perdre les avantages acquis au fil du temps (l’antériorité fiscale).
 

La procédure est aujourd’hui mieux cadrée qu’il y a quelques années, mais elle n’est pas toujours exempte de couacs. Entre coûts réglementés, délais variables et précautions à prendre, voici tout ce qu’il faut savoir avant d’entamer un transfert de PEA.
 

Une procédure officielle et balisée
Une démarche initiée par la banque d’arrivée
Pour transférer votre PEA, vous devez vous adresser en priorité à l’établissement qui va l’accueillir. C’est lui qui va faire la demande de transfert auprès de votre ancienne banque ou courtier, et qui se chargera de récupérer toutes les informations nécessaires : historique de votre plan, date d’ouverture, montant des versements, retraits éventuels, etc.
 

Trois étapes clés
Le processus de migration d’un PEA se découpe généralement en trois parties :
1. Transfert du compte espèces : On parle ici des liquidités disponibles sur le PEA (somme en euros en attente d’investissement ou issue d’opérations de cession).
2. Transfert des titres : Tous les actifs détenus (actions, ETF, OPCVM, titres non cotés…) sont transférés « ligne par ligne » vers votre nouveau teneur de compte.
3. Envoi du bordereau fiscal : La banque d’origine transmet à la banque d’arrivée un document récapitulatif de l’historique fiscal du plan (date d’ouverture, montant total versé, éventuels retraits, gains réalisés…). C’est grâce à ce bordereau que vous conservez l’antériorité fiscale déjà acquise.
 

Des frais désormais plafonnés
Le prix d’un transfert de PEA était, il y a encore quelques années, source de vives critiques, notamment parce qu’il pouvait s’élever à plusieurs centaines, voire milliers d’euros, dans certains cas.


Désormais, la loi encadre ces frais :
• 15 euros par ligne de titres au maximum, avec un plafond de 150 euros pour l’ensemble du portefeuille.
• Pour les titres non cotés, la note peut grimper jusqu’à 50 euros par ligne.
En clair, même en présence d’un portefeuille boursier diversifié, votre facture totale ne pourra pas dépasser 150 euros, à condition de détenir uniquement des actions et des fonds cotés en Bourse. Si vous détenez des titres non cotés, leur coût de transfert unitaire est plus élevé, et peut renchérir sensiblement la facture finale.
 

Des délais variables, mais limités
Une procédure censée durer moins de quatre semaines
La réglementation française fixe un délai maximal de quatre semaines pour réaliser un transfert de PEA. Beaucoup d’établissements parviennent à respecter, voire à devancer, cette échéance (deux semaines étant parfois suffisantes).
 

Les raisons d’un blocage
Dans la pratique, les choses peuvent se compliquer et rallonger la durée du transfert. Parmi les causes de retard les plus fréquentes :
• Opérations en cours : Versements de dividendes non encore crédités, opérations sur titres (fusions, acquisitions, distributions d’actions gratuites, etc.) qui doivent être finalisées avant de transférer la ligne.
• Titres spécifiques : La présence de valeurs non cotées ou de fonds complexes peut nécessiter davantage de formalités et rallonger le délai global.
• Manque de communication : Des dysfonctionnements peuvent survenir si les deux banques tardent à échanger les pièces requises ou si l’un des établissements est débordé.
 

Les précautions à prendre avant d’entamer le transfert
1. Vérifier l’acceptation de tous vos titres
Avant de demander le transfert, renseignez-vous auprès de la future banque ou du futur courtier pour vous assurer qu’elle accepte l’intégralité des titres que vous détenez. Certains établissements n’autorisent pas la détention de titres non cotés ou de certains OPCVM spécifiques dans un PEA.
2. « Nettoyer » son PEA
Il est souvent conseillé de simplifier la structure de son portefeuille avant un transfert. Par exemple, vous pouvez choisir de céder des lignes marginales ou exotiques pour n’en conserver que les plus importantes, surtout si vous ne souhaitez pas payer de frais de transfert par ligne. Attention cependant à ne pas effectuer de retraits qui pourraient remettre en cause l’antériorité de votre plan (si le PEA a moins de 5 ans).
3. Connaître les dates limites
Les établissements qui procèdent au transfert peuvent bloquer, temporairement, toute nouvelle opération d’achat ou de vente, afin de figer la situation du PEA. Renseignez-vous sur la date à laquelle les transactions seront suspendues et assurez-vous de ne pas avoir d’ordres en cours (achat/vente). De même, si un dividende important doit être versé prochainement, mieux vaut patienter afin d’éviter des complications.
4. Bien conserver ses justificatifs
Conservez précieusement tous les échanges relatifs au transfert (copies d’e-mails, courriers, accusés de réception). Vous aurez ainsi de quoi prouver votre diligence en cas de litige ou de retard anormal.
 

Une fluidité encore perfectible
Malgré un encadrement législatif plus strict et le plafonnement des frais, le transfert d’un PEA peut toujours se heurter à quelques imprévus. Dans son rôle d’organe de régulation, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a déjà rappelé aux banques et aux courtiers l’importance de simplifier et d’harmoniser leurs procédures.
Certes, des progrès ont été réalisés, mais certains blocages demeurent : mauvaise coordination entre services informatiques, lenteur de l’acheminement des bordereaux fiscaux ou manque d’anticipation lorsqu’un titre traverse une opération complexe.
 

En résumé
• Un transfert possible : Contrairement à l’assurance vie, vous n’avez pas besoin de clôturer votre PEA pour changer d’établissement.
• Un cadre défini : Les démarches sont initiées par la banque d’arrivée, les étapes sont clairement établies, et les frais sont plafonnés.
• Des délais raisonnables : Quatre semaines maximum, avec une moyenne de deux à trois semaines dans la majorité des cas.
• Des précautions indispensables : Vérifier que la nouvelle banque accepte l’ensemble de vos titres, prendre en compte les dates de dividendes et, si besoin, réduire le nombre de lignes pour limiter les frais.
 

Au final, transférer son PEA se révèle moins complexe et moins onéreux qu’auparavant, à condition de ne pas s’y prendre à la dernière minute. Une planification minutieuse et une bonne communication avec l’établissement d’accueil restent les meilleurs garants d’un passage fluide et rapide. Si des blocages persistent, n’hésitez pas à faire valoir vos droits ou à solliciter l’AMF en cas de besoin. L’essentiel est de ne pas gâcher un avantage fiscal précieux par méconnaissance ou manque de préparation.
 

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